je te dirais qui tu es…Nos comportements de jardinier 'trahissent' notre être profond. La nature est docile devant nos gestes (nous mettant devant notre responsabilité), mais comme tout être vivant elle ne réagit pas forcément comme espéré (le verdict du geste).
Par Ronald Blanrue.
Destin frustrant du végétal quand son intégrité physique dépend de son environnement (les hommes, animaux ou autres végétaux telles les ronces….), et que leur seule alternative est de (sur)réagir pour (sur)vivre plutôt que se développer naturellement en toute quiétude.
Comme pour les hommes, se plaignant quand leur destin dépend d’un pouvoir au dessus d’eux qu’il ne contrôle pas, et diffusant ensuite leur colère ou humeur négative dans la société (alors qu’un créateur à succès porté par son inspiration diffuse de la plénitude et joie bienfaisante).
Alors pourquoi faire au végétal ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse ? Balayage d’une cartographie de modèles de jardiniers…
LE CONTROLANT :
Le tondeur régulier, le champ au carré, la taille guidée à son image, la haie rectiligne, les feuilles ramassées et bois de coupe brulé.
Peu d’émergence naturelle, le conventionnel du résultat amène peu émotion (que le sentiment du travail bien fait pour son auteur, et tant que cette ‘convention’ sera la référence).
La nature n’a qu’à bien se tenir (pour s’éviter la coupe qui l’affaiblit)
L'IMPATIENT:
Il a toujours une priorité supérieure à l’action du moment. Objectif timing, le travail s’adapte au temps alloué (et non l’inverse), le quantitatif au détriment du qualitatif. La taille alterne coupe, arrachage, débroussaillage, le soin va de la pommade au pansement (oubliant la cicatrisation ou travail sur la défense immunitaire).
L’instant se vit comme un aléa climatique pour le végétal avec son lot de blessures.
La nature n’a qu’à faire le dos rond (le calme après la tempête).
C’est l’apiculteur qui créera ses reines (jouant au magicien de la vie), le technicien qui conceptualise avant d’agir et qui justifie tout acte par une règle (démontrée ou non).
Praticien de la méthode, relai des modes du moment, le végétal est l’instrument de son savoir. On y trouve les arbres à contre courant du naturel (olivier en boule, chêne étêté, fruitier en palissade, bonzai…)
La nature n’a qu’à bien se comporter (pour s’éviter une nouvelle expérience).
LE PEINTRE
Guidé par le beau, l’harmonie, il structure progressivement le végétal sans logique rationnelle ni réelle connaissance. S’il a la main verte (intuitif en posture d’écoute), le tableau devient beau voire respectueux du végétal. Le végétal peut surréagir (souffrance) par manque de connaissance des basiques de taille ou de culture rendant le tableau non durable.
La posture peut tangenter avec le spécialiste, si le travail devient piloté par la pensée plutôt que l’intuition. C’est la différence entre l’œuvre d’artiste et le travail d’expert.
Le naturel ne tient qu’à un fil (le couperet du regard).
Basé sur le visuel et la volonté de bien faire, il retire le bois mort du végétal, raccourcis les tiges fatiguées, rajeunis les branches, élague le bois malade, traite les maladies connues. Gestes simplistes d’après lui, bienveillante pour le végétal. Pas d’initiative égotique, du respect pour le végétal lui apprenant l’humilité.
La posture peut tangenter avec l’impatient par la répétition des gestes ou sur-agissant dans la précipitation. Evoluer dans sa relation à la nature ou conscientiser son éthique afin de préserver son intention première (soulager le végétal).
La nature attire la main (pour orienter le geste).
C’est le biodynamiste qui cherche à comprendre les interactions, agir à bon escient à la source du cycle de vie. Il respecte chaque étape du processus de vie et des éléments du vivant. Qualité d’observateur neutre, il met son cœur et sa raison au service du végétal pour favoriser son développement.
La posture peut tangenter avec le contrôlant, en court circuitant des étapes (ex : l’accélération du compost au lieu du broyé influence la chaine du vivant du sol, impactant l’écosystème). Le praticien glisse vers la compétence inconsciente (perte des bases connues).
La nature émerge de son chemin de vie (pour nous émerveiller).
Pour toutes les postures, c’est la sensation de justesse qui valide l’action avec le végétal (ressenti du ventre, pas de la tête). Elle arrive rarement dans les modèles de jardinier trop dans la tête, c’est par le cœur que le geste trouvera la clef de l’harmonie (c'est l’intention vraie).
Tous les jardiniers passent par ces archétypes, c’est l’apprentissage. Voir nos travers et changer notre posture montre la saine intelligence qui s’installe dans la relation homme nature.
C’est le chemin qui est important…