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L'enseignement nature
23 Fév 2018

L'enseignement nature

Cas pratique: l’attaque de pucerons sur rosiers. Comment apprendre sur soi...

  Par Ronald Blanrue. 

Cas pratique de culture et enseignement

L’invasion de pucerons au jardin peut devenir souffrant pour la plante touchée (photosynthèse réduite, oxydation et champignons par les plaies induites, moins de fleurs et flétries), sachant qu’un taux de population minimum est nécessaire pour nourrir les autres insectes utiles au jardin. 

Le rosier est concerné et l’impact sur notre revenu est direct (on la cultive). Les pucerons sont amenés par les fourmis en bout de tige généralement car tendre. Si on se contente de tuer les pucerons, les fourmis en ramèneront d’autres très vite. Si on tue les fourmis (utiles), c’est tout le nettoyage du terrain et l’ameublissement de la terre qui sera impacté négativement. 

De l’expérience du cas pratique, une prise de conscience émergera pour ‘modéliser’ le jardinier et ‘intégrer’ une nouvelle dimension dans la relation humain / nature.

 

Etat d’esprit du jardinier

Au domaine oléicole, nous faisons le choix d’être un champ d’expériences du vivant et d’alliance (pour créer des produits ‘vivants’ renforçant nos défenses immunitaires). 

Devant une attaque (insectes) ou maladie (champignons), on bannit la pensée de lutte (énergie de séparation humain/nature) et les produits de mort systémique (pesticide). Notre intention de culture sera d’influer par l’introduction de vivant

L’intention du jardinier est primordiale car elle impacte le produit final (la plante et son fruit sont influencés par le contexte environnant ; comme pour l’homme au travail selon son contexte stressant/oppressant ou amical/ouvert).

Dans nos principes de culture, chaque action a 2 temporalités:

Correctif (court terme): réguler la population de pucerons, sans influer sur la chaine naturelle globale

Préventif  (long terme): comprendre pourquoi les fourmis amènent tant de pucerons ici et pas ailleurs, pour renforcer cette plante ou corriger un déséquilibre local.

Posture de bienveillance dans d’intervention (l’énergie de culture)       

                                              

Action curative

L’action doit être simple (effort pour le jardinier), ponctuelle (car effet choc stressant) et avec parcimonie (contrôle des effets indésirables). 

L’ennemi de mon ennemi est mon ami

Selon cet adage, on réintroduit la coccinelle grande consommatrice de pucerons (100/jour, 2000 dans sa vie). Introduire à petite dose car sa reproduction (3000 pontes dans sa vie) pourra causer des dégâts ailleurs, par survie, s’il n’y a pas assez de pucerons. Normalement, si on laisse vivre le jardin, il n'y a pas besoin d'introduire la coccinelle car elle reviendra d'elle même si le lieu est acceuillant(car il y a un risque à intervenir).

On évalue le potentiel de nourriture (nb de plantes infectées malades / quantité estimée de pucerons par plant) et on introduit 1/1000. On ne compte pas les plants atteints mais sains (tolérance d’erreur). 

Espacer les lieux d’introduction et éloigner des fourmis (elles détruisent les œufs).

Introduire des insectes endémiques (coccinelle < 8 points) qui a des prédateurs pour leur régulation. L’introduction de coccinelles asiatiques (-cher), sans prédateur, a généré des invasions non maitrisables aujourd’hui.

Les prédateurs des coccinelles européennes sont : oiseaux, mante religieuses, araignées.

D’autres insectes sont utiles à la régulation des pucerons (favoriser la diversité pour pérenniser l’écosystème) :  syrphes, chrysopes, carabes. Prendre le temps de les voir pour préserver leur espace de vie…

                                                                                                                                                                                                            

 Effet 'Boost' non rémanent

Multiplier les actions curatives de divers types et biodégradable pour éviter l’accoutumance aux traitements

Au domaine oléicole, on agit avec les insectes amis, les plantes amis (purin de fougère fermenté-avec vie microbienne-) et de l’homéopathie (cimicifuga pour les pucerons, camphora pour éloigner les fourmis).

Comme ce sont des solutions naturelles vivantes, elles ont une vie limitée et sont assimilées par la nature à leur mort (molécules éliminées à 100%). C’est la grande différence avec les produits chimiques qui sont rémanents (molécules non détruites) et peuvent créer des effets toxiques en association plus tard avec d’autres molécules chimiques (cocktail explosif).

                                                                                                           

Action préventive

Etre patient et donner du temps au temps pour évaluer la pertinence de l’action (3 mois). L'action préventive fait suite à une action curative, on se fait rien de préventif si tout se passe bien sur le terrain (ça serait comme prendre des médicaments quand la santé va bien)!

Pérenniser l’action curative

Transformer l’action curative en prévention durable, en assurant la permanence des coccinelles. Créer des habitats pour leur reproduction et passer l’hiver (intégrer l’écosystème).

                                                                                                                                         
 

Prendre le temps de flâner pour voir des effets de l’action, ressentir la nature. Ouvrir ses sens avec l’intention d’aider, et à force d’habitude, les intuitions pour affiner l’action viennent (justes si non mentales !).

Il est évident que les insecticides sont bannis des pratiques culturales, tout ce travail serait anéanti.

Comprendre l’origine du déséquilibre

Travailler sur le puceron et les fourmis n’est pas préventif. Comprendre pourquoi ces insectes ont choisi cette plante (d’autres rosiers proches ne sont pas attaqués) est la clef du préventif.  

Le puceron suce les tiges tendres des plants en extrémité, et la fourmi se nourrit de son miellat. 

Donc l’idée est de renforcer la plante pour faire des tiges plus dures jusqu’à l’extrémité.  

Au domaine oléicole, les purins d’ortie (pour stimuler les défenses), l’homéopathie cimifuga et staphysagria (pour renforcer la tige et la capacité antiparasitaires) et l’amendement organique d’hiver (marc de café pour structurer le système de défense de la plante) sont nos méthodes. Le marc de café est aussi un répulsif pour éviter les nouveaux nids de fourmis en sortie d’hiver…

Pour compléter la prévention, il faut s’occuper à alimenter le couple puceron/fourmi qui va chercher à survivre (passer de la lutte à la cohabitation paisible). Trouver d’autres endroits, d’autres plants alternatifs pour subsister.

C’est en voyant du fenouil et valérianes sauvages infestés de pucerons que j’ai compris cette alternative aux rosiers pour les pucerons/fourmis. Depuis, des ilots de ces plantes sont préservés.

Le niveau d’attaque sur les rosiers est devenu acceptable.

 

Quel apprentissage pour l’humain

Une attaque est néfaste s'il y a une carence favorable à la maladie. C’est sur cette cause qu’il faut travailler, tout en acceptant d’offrir d’autres gardes manger pour l’attaquant.

L’ami allié (qu’il soit animal ou végétal) est utile et prévenant tant que sa population est soutenable et qu’il existe un prédateur sur le lieu d’introduction pour réguler cette population.

Ces solutions sont le résultat de lecture, d’observation et d’intuition.  Elles apportent une autre dimension et intérêt au métier, impliquant de développer son ontologie. 

Puis il y a les nouvelles rencontres, passionnantes, avec d’autres acteurs de la transition écologique…

                                                                                  

Conclusion

L’ennemi n’est plus un ennemi, c’est un élément du système avec qui l’équilibre est retrouvé. 

Le ressentir indique que c’est « intégré » en soi comme pratique culturale, reproductible pour d’autres expériences...

Ontologie

Faire pour le végétal, pas pour soi 

Posture d’égalité, voire de fraternité dans sa relation à la nature

 

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